Justification du projet
Le Projet régional de Dialogue pour la Transhumance apaisée en Afrique de l’Ouest (PRODIATA) est mis en oeuvre pour opérationnaliser la composante 2 du Programme Régional de Dialogue et d'Investissement pour le Pastoralisme et la transhumance au Sahel et dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest (PREDIP).
Objectifs du Projet
PRODIATA a pour objectif général de contribuer à long terme à faciliter une transhumance transfrontalière apaisée et à améliorer la nutrition des populations côtières et pastorales.
L’objectif spécifique du projet est d’impliquer les acteurs locaux, nationaux et régionaux de la transhumance transfrontalière dans le dialogue et la bonne gouvernance des ressources et des espaces agro-sylvo-pastoraux en réduisant les risques de conflits et en améliorant la sécurité alimentaire.
Composantes principales et résultats attendus
Le cadre logique pour cette l’action pour améliorer le dialogue transfrontalier et la gouvernance des ressources naturelles se décline en 3 résultats intermédiaires et 7 extrants: La logique d’intervention s’appuie sur l’analyse des besoins dans la note succincte. Les résultats intermédiaires mettent en équilibre l’accent sur la qualité de la gouvernance de la transhumance transfrontalière aux divers niveaux de responsabilité (régional, national, transfrontalier) et sur le rôle de la société civile dans l’amélioration de la mise en œuvre et du contenu du cadre réglementaire existant et dans le changement de perception de l’élevage transhumant par les opinions publiques des pays côtiers. Enfin elle offre les moyens de renforcer les capacités et la légitimité des organisations d’éleveurs, d’agro-éleveurs et d’agriculteurs à porter le dialogue pour une transhumance transfrontalière apaisée.
Résultat intermédiaire 1 : La gouvernance de la transhumance transfrontalière aux divers niveaux de responsabilité (régional, national, local) des acteurs impliqués est améliorée.
Le monitoring de la gouvernance se concentrera sur les indicateurs de performances et de gestion opérationnelle des cadres de concertations transfrontalières et nationaux (Extrant 1.1), sur l’inclusivité et l’effectivité des décisions prises dans le cadre du processus de dialogue de haut niveau pour une transhumance apaisée (E1.2), sur la participation active et informée des OPR aux différentes revues et task force thématiques de la CEDEAO et sur le succès des actions de plaidoyer pour la mise en cohérence des législations nationales et des décisions régionales(E 1.3).
Résultat intermédiaire 2 : Le cadre réglementaire existant autour de la transhumance transfrontalière et sa mise en œuvre est amélioré au niveau pertinent (régional et national). Le monitoring du cadre réglementaire et de sa mise en œuvre se fera à travers la connaissance qu’ont les usagers des ressources naturelles transfrontalières et les autorités publiques en charge de la gestion des campagnes de transhumances des réglementations nationales et régionales (E 2.1), du nombre de saisine qui ont été adressée à la justice et du niveau d’écarts constatés entre les pratiques et les droits juridiques.
Résultat intermédiaire 3 :
La perception de l’élevage transhumant par les opinions publiques des pays de la zone PREDIP et plus largement de la zone CEDEAO/CILSS est améliorée L’évolution des opinions publiques transfrontalières sur une vision régionale intégrée de la transhumance sera suivie à travers des enquêtes d’opinion au début, à mi-parcours et en fin de projet. La stratégie de communication des OPR sur la question de la transhumance transfrontalière fera elle aussi l’objet de revue régulière afin d’en comprendre l’impact sur les opinions et les acteurs en charge de sa gestion.
Zone d’intervention-Groupes cibles
Les bénéficiaires finaux de cette action sont tous les éleveurs pratiquant ou non l’agriculture (pasteurs, agro-pasteurs, agro éleveurs) résidents et transhumants des régions du sahel (Burkina, Mali, Niger) et des pays côtiers (Nigeria, Togo, Benin, Côte d’Ivoire et Ghana). L’action améliorera le niveau d’information de 120 leaders d’éleveurs (dont 30 femmes) sur les cadres réglementaires nationaux (RI2) et les décisions prises aux différents niveaux (transfrontaliers, national et régional) par les acteurs en charge de la gestion de la transhumance dans les pays sahéliens et côtiers (RI1). Elle permettra aussi que les 3 OPR puissent alimenter en informations les autorités en charge de cette information. (RI1) et puissent influencer le contenu et la mise en œuvre de 3 réglementations à travers un lobying intense à l’intention des élus (RI2). Enfin les bénéficiaires finaux bénéficieront d’une opinion publique favorable à 50% à une vision régionale plus intégrée des avantages de la transhumance, des enjeux qui la sous tendent et des défis qu’elles soulèvent (RI3).
Les groupes cibles sur lesquels l’action va s’appuyer pour obtenir ces changements sont multi – échelles et pour une bonne part déjà existants.
Stratégie de mise en œuvre
Les méthodes de mise en œuvre choisies et les raisons de ce choix.
Il s’agit d’abord de renforcer les cadres de concertation transfrontalière existants dont ceux déjà mis en place par le RBM et l’APESS et les rendre durables à travers une gouvernance partagée et reconnue des décisions prises aux autres niveaux régionaux, nationaux. Ensuite, là où ces cadres de concertations transfrontalières n’existent pas encore (en particulier entre la Côte d’Ivoire et le Ghana), il y aura lieu, dans de mettre en place des plateformes d’innovation chargée d’organiser des rencontres transfrontalières entre agriculteurs et éleveurs dans les espaces de tensions. Ces rencontres aideront, dans un deuxième temps à l’implantation et à la structuration d’organisations d’éleveurs avec comme finalité, à moyen et long terme, la mise en place de cadres intercommunaux transfrontaliers intégrant les collectivités territoriales et alimentant les discussions sur l'élaboration ou les revues des Plans de Développement Communaux et des Schémas d’Aménagement Foncier régionaux en cours d’élaboration. Des outils pédagogiques d’animation du dialogue et des mécanismes d’assistance juridique doivent être développés afin de rendre applicable les avancées d’une vision partagée de l’élevage sur les espaces transfrontaliers. Par ailleurs, il y a nécessité de faciliter des espace nationaux de concertation réunissant les membres du RBM, d’APESS et du ROPPA qui doivent déboucher sur un plaidoyer partagé et des actions de lobbying en vue d’une meilleure anticipation des campagnes pastorales par les cadres décisionnels transfrontaliers, nationaux et régionaux ainsi que de la promotion de la diversité des différents modes d’élevage (mobiles, semi-mobiles, intégrés aux exploitations). Enfin, il est nécessaire renforcer, avec l’appui de CARE et de la SNV, les organisations d’éleveurs et d’agro-éleveurs émergeant dans les pays côtiers, voir de créer, là où elles n’existent pas, des antennes nationales des réseaux régionaux regroupant ces organisations professionnelles, afin d’assurer une équité dans la représentation des agriculteurs et des éleveurs dans les différents pays de la zone d’intervention du PREDIP. Pour atteindre les objectifs, l’intervention proposée s’inscrit directement à trois échelles géographiques de dialogue et de gouvernance.
Le niveau régional, échelle décisionnaire partagée: Le dialogue de Haut niveau pour une transhumance apaisée entre pays côtiers et pays sahéliens est largement amorcé par les organisations d’éleveurs et les États concernés. Il doit être renforcé sur la base des informations remontant des cadres de dialogue nationaux ou transfrontaliers et des travaux prospectifs instruits et soutenus par les organisations professionnelles. En lien avec ce cadre de dialogue inclusif, la CEDEAO a mis sur pied une Task force élevage pour la mise en œuvre de l’ECOWAP, task-force qui a été mobilisée pour la préparation du PRIDEC, comme pour différents travaux, notamment sur la réserve régionale en aliment du bétail.
Le niveau national, échelle structurante d’échange et de proposition: La société civile doit pouvoir participer pleinement aux travaux des Comités Nationaux de Transhumance là où ils existent, être en mesure de proposer des améliorations du cadre stratégique et réglementaire de la transhumance au profit de la sécurité alimentaire et de faciliter le dialogue bilatéral transfrontalier entre les autorités et entre les organisations professionnelles.
Le niveau local-transfrontalier, échelle de gestion de la mobilité et des bénéficiaires finaux: Les initiatives de gestion de la transhumance transfrontalière doivent être renforcées, prolongées à travers une meilleure participation des organisations professionnelles à l'information, à la planification, à la coordination, aux études et au lobbying des cadres transfrontaliers existants et le cas échéant des plateformes d’innovation. Les acteurs locaux de part et d’autre de la frontière pourront ainsi définir et mettre en œuvre de façon inclusive les activités nécessaires à un exercice apaisé de la transhumance (échanges d’informations, planification suivi, production d’évidence et plaidoyer) au profit des économies locales concernées et seront forces de propositions endogènes dans l’organisation des campagnes pastorales aux niveaux nationaux et régionaux. Ils pourront aussi bénéficier d’outils pédagogiques d’animation du dialogue et des mécanismes d’assistance juridique doivent être développés afin de rendre applicable les avancées d’une vision partagée de l’élevage sur les espaces transfrontaliers.